Avis concernant le budget 2022-2023 du Québec

Le financement des organismes communautaires

 

Dans le budget pour 2022-2023, nous avons vu différentes sommes qui nous ont interpelées. D’une part, les montants pour les organismes communautaires. En regardant l’année 2022-2023, nous comprenons que 37,1 millions de $ seront octroyés à la mission pour l’ensemble des organismes communautaires œuvrant en santé et services sociaux. Cette somme nous semble largement insuffisante puisque ramenée aux nombres d’organismes de ce secteur, le montant de rehaussement serait de 12 000 $/organismes. Les organismes communautaires font face à la pénurie de main-d’œuvre, à l’augmentation des coûts et à l’augmentation des besoins, il est donc clair que 12 000 $ ne permettra pas de combler le manque. À titre d’exemple, 92 des membres de Proche aidance Québec estiment avoir besoin de 14,3 millions additionnels en mission globale pour 2022-2023, soit 155 706 $ en moyenne.

 

Toujours dans le budget, nous voyons que la pérennité de l’APPUI pour les proches aidant est assurée à hauteur de 25 millions par année jusqu’en 2027, ce qui était déjà compris dans le plan d’action gouvernemental en proche aidance. Il faut cependant comprendre que le financement par l’APPUI vise la complémentarité et ne vise pas à combler l’entièreté des besoins des organismes. D’une part, ce n’est pas la totalité des organismes qui bénéficient de ce financement. D’autre part, nos membres par exemple touchent en moyenne 51 521 $ en projet de l’APPUI ce qui est loin de combler leur 155 706 $ de besoin. D’où l’importance de rehausser l’aide gouvernementale directe.

 

Les limites du financement par projets

En début 2022, nous avons questionné nos membres sur les dépenses couvertes par des appels à projet de fondations ou d’autres bailleurs de fond. Il s’avère que 41 % d’entre eux se sont vu refuser une partie du financement d’heures de soutien psychosocial qu’ils estiment nécessaire pour combler les besoins des personnes proches aidantes.  49 % ne peuvent utiliser ce type de budget pour payer le téléphone, l’ordinateur ou les ressources de télécommunication nécessaires aux intervenants des projets. Alors qu’on note que les personnes proches aidantes connaissent peu les services de soutien, les frais de publicité et promotion sont très réduits. Les autres dépenses telles que la formation des intervenants, les salaires des personnes qui vont coordonner la logistique des services de répits, les frais de transport pour se rendre à domicile, le répit pour que les personnes proches aidantes puissent aller aux activités, les honoraires des conférenciers pour l’information et la formation des personnes proches aidantes, et les coûts de concertation locale sont soit non exigibles, soit insuffisants pour couvrir les besoins.

 

Tant la loi 56, que la politique ou le plan d’action insistent sur le besoin de concertation par exemple. Malheureusement, le financement actuel des organismes ne leur permet pas de déployer des services, adopter des pratiques innovantes grâce à la formation, ou éviter les chevauchements ou les trous de services grâce à la concertation. Nous ne le répèterons jamais assez, mais c’est de financement à la mission que les organismes ont besoin, comme le revendique la Campagne CASSSH.

 

Le soutien aux personnes proches aidantes

Du côté des personnes proches aidantes, il est annoncé 37,9 millions pour améliorer les services en 2022-2023. De ce montant 25 millions iront pour la pérennisation de l’APPUI comme expliqué plus haut et 12,9 millions iront majoritairement pour bonifier le répit dans le cadre du PAG-PA. Le répit est un besoin important pour les PPA, cependant, on note une propension à financer le répit aux dépens du soutien psychosocial individuel ou de groupe. Or, c’est le soutien psychosocial qui permet bien souvent aux PPA (ou aux personnes aidées) d’accepter le répit, de s’adapter à la situation de santé, de développer ses propres ressources pour une plus grande résilience, etc.  Dans les prochains temps, il faudra s’assurer que les besoins en soutien psychosocial, l’arrimage des services psychosociaux dans la trajectoire de soutien et leurs effets positifs pour les PPA soient bien représentés.

 

 

 

En ce qui a trait à l’appauvrissement des proches aidants, le budget n’apporte pas de nouveauté malgré nos demandes (voir notre avis lors des consultations prébudgétaires). Le document du budget informe que les changements concernant les critères d’obtention du crédit d’impôt pour personne aidante, effectués en 2020, ont permis à 30 000 PPA supplémentaires de bénéficier d’un montant maximum de 2 598 $. Ce qui monte à 6,2 % (au lieu de 4 %) le nombre de bénéficiaires, c’est-à-dire tout juste plus que la moitié des proches aidants effectuant plus que 20 h de soin par semaine. Le PAG-PA doit se pencher sur les mesures de soutien financier et leurs critères, mais il aurait été bienvenu de mettre du financement pour des projets pilotes dès maintenant, puisque certaines PPA s’appauvrissent depuis plus de 30 ans parfois.

 

version 24 mars 16h30