Jeunes proches aidants et décrochage scolaire

Cette semaine est marquée par de nombreuses activités qui se dérouleront dans le cadre des journées de la persévérance scolaire du  11 au 15 février. Ces journées visent à rassembler tous les acteurs de la société à s’engager pour la persévérance scolaire et la réussite éducative au Québec. Le thème de cette année, « Nos gestes, un + pour leur réussite », illustre la force de l’addition d’une multitude de gestes qui encouragent la réussite et permettent de lutter contre le décrochage scolaire des jeunes.[trx_title type= »4″ style= »regular » font_weight= »400″ color= »#CC400C » top= »inherit » bottom= »inherit » left= »inherit » right= »inherit »]Poids du rôle d’aidants sur les jeunes[/trx_title]

Plusieurs facteurs encouragent le décrochage scolaire chez les jeunes de 15 à 29 ans. L’un de ces facteurs reliés à l’environnement familial est le rôle de proche aidant qu’ils endossent parfois dès l’âge de 6 ans. Bien qu’aucune recherche ne permette de savoir l’étendue de ce phénomène, une réflexion s’impose.
Le rôle de proche aidant implique des responsabilités lourdes à porter pour des épaules de jeunes voire d’enfants. Selon Statistique Canada, en 2012, 1.9 millions de jeunes agissaient entant que proche aidant, soit 27% de la population des 15 à 29 ans. Fournir des soins à des personnes en perte d’autonomie, accompagner au rendez-vous médicaux, s’occuper des tâches domestiques etc rythme le quotidien de près d’un tiers des jeunes canadiens; environ 5% consacrent plus de 30 heures par semaines et 19% s’occupent de  trois personnes ou plus. Il est à noter que ces chiffres ne tiennent pas compte des jeunes de moins de 15 ans qui ne sont pas répertoriés dans les statistiques.[trx_title type= »4″ style= »regular » font_weight= »400″ color= »#CC400C » top= »inherit » bottom= »inherit » left= »inherit » right= »inherit »]Des conditions difficiles favorisant le décrochage scolaire[/trx_title]

Malgré les bienfaits que procure l’expérience d’être proche aidant, endosser ce rôle a des incidences à plusieurs niveaux dans la vie d’un-e jeune, en l’occurrence dans son cheminement scolaire.  En effet, plutôt que de se concentrer sur ses études,  les jeunes aidants-es doivent jongler avec des responsabilités parfois lourdes, qui les placent dans des conditions d’emblées plus difficiles pour réussir. Impliquant souvent des tâches qui requièrent du temps et puisent de l’énergie physique, mentale et émotionnelle, les jeunes ne sont pas dans des conditions optimales pour se concentrer dans leur étude.  D’ailleurs, seulement 47% des jeunes aidants suivent un programme d’étude et ils ne sont plus que 5% au niveau académique. Plus vulnérables à l’anxiété et au stress des divers mandats qu’ils doivent remplir, ils sont contraints à des retards et accumulent des taux d’absence supérieurs aux autres. De telles difficultés poussent près de 7% de jeunes aidants-es Canadiens-ennes à arrêter leur cheminement scolaire. Cet état de fait appelle à se questionner sur le lien de cause à effet avec le faible nombre de jeunes aidants-es qui suivent des études universitaires.[trx_title type= »4″ style= »regular » font_weight= »400″ color= »#CC400C » top= »inherit » bottom= »inherit » left= »inherit » right= »inherit »]Soutien pour les jeunes proches aidants : un grand vide[/trx_title]

Dans l’objectif de lutter contre le décrochage scolaire, toutes les causes doivent être étudiées en vue d’y apporter des pistes de solutions. Cependant, il y a actuellement au Québec un grand vide au niveau de la recherche quant à la situation des jeunes aidants-es. Il n’existe pas de chaire de recherche ou d’organisme chargé de dresser un portrait global du nombre et de la situation des jeunes aidants-es de la province afin de réfléchir à des programmes de soutien. Les établissements scolaires devraient disposer de programmes spéciaux pour les jeunes et enfants aidants-es; les responsables d’écoles et le personnel enseignant devraient être au fait de ces réalités et être formées afin d’intervenir adéquatement. De plus, le manque de ressources n’encourage pas les jeunes à se reconnaître comme personne proche aidante, donc ils n’ont pas le réflexe d’aller chercher l’aide dont ils ont besoin.
Au final, plusieurs facteurs démographiques, sanitaires et sociaux font qui pourrait avoir autant de jeunes proches aidants-es au Québec qu’en Ontario (où ils sont environs 500 000) et que le nombre exact quel qu’il soit devrait augmenter.[trx_title type= »4″ style= »regular » font_weight= »400″ color= »#CC400C » top= »inherit » bottom= »inherit » left= »inherit » right= »inherit »]Deux pistes de solutions[/trx_title]

D’abord, il est nécessaire de mettre en place des moyens qui permettront de faire l’état des lieux de la situation des jeunes et enfants aidants-es au Québec. Certaines informations sont nécessaires avant de penser à créer des programmes et des politiques : par exemple, connaître le nombre de jeunes aidants-es, le nombre d’enfants aidants-es, les différents profils et le nombre d’heure qu’ils consacrent à leur rôle d’aidants. Comme le RANQ l’a déjà souligné, créer un observatoire de la proche aidance est une solution viable pour pallier le manque de données globales sur les proches aidants, mais particulièrement sur les jeunes et enfants aidants-es. Il permettra d’apporter une vision globale grâce à la collection et la synthétisation des données de recherche pour infine renforcer les capacités d’actions et d’interventions des acteurs liées à la proche aidance, à la jeunesse et à l’enfance.

De plus, des recherches, études et sondages sont réalisés pour déterminer les liens de cause à effet, entraînant le décrochage scolaire. Afin d’être plus complète, ces recherches devraient intégrer le critère « proche aidant », ce qui permettra de comprendre à l’impact du rôle d’aidant dans le cheminement scolaire des jeunes et des enfants aidants-es.

Ces journées de décrochage scolaire doivent être un tremplin pour marquer le début d’une réflexion sur la situation de jeunes ou d’enfants aidants-es  dont l’avenir peut-être mis en péril faute d’intérêt pour eux.

Source :

Andrea Breen (2016). « Et si on aidait nos jeunes aidants », Institut Vanier de la famille.