Sans vouloir plagier Boucar Diouf, ma grand-mère disait : «qui veut aller loin ménage sa monture» . Pour avoir travaillé 3 ans en contexte humanitaire, je suis consciente que l’épuisement professionnel est le plus grand risque pour vous, intervenants et gestionnaires sur le terrain en contexte de pandémie. D’autant plus, qu’il y a beaucoup d’incertitudes sur le moment où nous pourrons reprendre nos activités normales. Vous êtes engagés envers les personnes proches aidants, vous connaissez leur réalité, elles vous touchent. Alors, dans un contexte de pandémie, l’impression de ne pas en faire assez pour eux est grande. Cet engagement est tout à votre honneur, mais c’est aussi une grande source d’épuisement. Sur un dix cents, vous avez dû réorienter vos services, trouver des nouvelles façons de travailler, répondre aux 1000 questions des personnes proches aidantes, assumer des tâches que certain-e-s de vos collègues en quarantaine ne pouvaient plus faire, lire 200 documents/directives concernant la COVID-19…. Certain-e-s ont dû réorganiser aussi leur vie familiale, avec leurs enfants ou les proches que vous soutenez. Et puis, il y a la crainte, d’être contaminé, ou qu’un de vos proches vulnérables ne soit contaminé.
C’est beaucoup non? Je suis sûre que pendant votre lecture, vous avez complètement oublié de respirer. Allez, prenez 3 grandes respirations. Parce que la clé est là : pour mieux soutenir les proches aidants, il va être nécessaire de prendre soin de vous aussi.
Comment faire pour prendre soin de vous?
La bonne nouvelle, c’est que vous avez toutes les compétences pour ça. En fait, régulièrement, vous donnez des conseils aux proches aidants sur ce sujet. C’est le moment de suivre les consignes des avions : placer son masque à oxygène d’abord avant de placer celui de son voisin.
Voici aussi quelques conseils en lien avec la situation actuelle :
- Pensez à décrocher, faire une activité pour vous dans la journée
- Accepter que vous ne pourrez pas répondre à toutes les demandes, vous en faites déjà beaucoup. Et oui, malheureusement, les personnes proches aidantes avec peu de littératie technologique pourraient être moins bien rejointes provisoirement. Mais vous n’avez pas un panier de Lapin de Paques rempli d’Ipad. C’est peut-être l’occasion par contre de rejoindre mieux d’autres personnes.
- Programmer une rencontre vidéo ou téléphonique avec vos collègues, lors de laquelle parler de travail mais aussi d’autres sujets. C’est aussi possible de continuer de discuter avec eux via des groupes Messenger Facebook, slack.com ou WhatsApp. Bref garder le contact, même avec ceux qui n’ont pas pu conserver leur emploi momentanément.
- Si vous n’avez pas de collègues, peut-être avez-vous des partenaires avec qui vous vous sentez en confiance, contactez-les.
- En fin de journée, écrire sur un papier à votre vue ou un tableau blanc, ou partager avec vos collègues 1-2 choses positives de votre journée de travail (la découverte d’une nouvelle méthode de travail, un proche aidant qui a enfin pu être rejoints…)
- Utiliser les outils du RANQ, tel que le groupe de discussion virtuel via zoom, ou le groupe de partage Facebook. Dans notre boite à outil, vous trouverez aussi des ressources sur l’intervention en contexte de pandémie. Ne pas hésiter à nous en suggérer d’autres.
Lors du premier groupe de discussion virtuel avec les membres du RANQ de mercredi passé, nous avons fait le constat que nous cherchons beaucoup à faire. Mais être auprès d’eux, les appeler toutes et tous un par un et leur montrer de l’écoute active, c’est aussi faire quelque chose, que pour le moment, peu de personnes ne font : rendre visible leur rôle et leurs apports à cette crise.
En tout cas, nous, on vous remercie d’être là pour eux
Mélanie Perroux
Coordonnatrice au développement stratégique