Comment faciliter la bientraitance envers les personnes proches aidantes

Que vous soyez médecin, infirmière, travailleuse sociale, vous côtoyez régulièrement des personnes proches adiantes.

Adoptée en octobre 2020, la loi 56 visant la reconnaissance et le soutien des personnes proches aidantes nomme comme premier principe directeur à la politique nationale pour les personnes proches aidantes le droit à la bientraitance. De plus, cette loi reconnait que le rôle de proche aidant peut entrainer des répercussions significatives sur leur qualité de vie.  Une des répercussions de la proche aidance est le risque de maltraitance.

Pourquoi la maltraitance envers les personnes proches aidantes est invisible?

D’une part, en l’absence de définition sur la maltraitance envers les personnes proches aidantes, tant au Québec que dans les données scientifiques internationales, l’équipe de recherche a été obligé de proposer une définition :

L’exercice du rôle de proche aidant comporte un risque de maltraitance. La maltraitance envers une personne proche aidante peut se manifester par une attitude ou un geste singulier ou répétitif, ou une absence d’action appropriée, intentionnel ou non affectant la personne proche aidante, provenant des institutions, de l’entourage, de la personne aidée et même de la personne proche aidante. Elle se manifeste par : l’imposition du rôle de proche aidant et la surresponsabilisation ; les jugements sur ses façons de faire ; la normalisation du rôle de proche aidant et de la maltraitance vécue dans l’exercice de ce rôle ; la dénégation de l’expertise de la personne proche aidante et de sa contribution familiale et sociale ; la dénégation des besoins de la personne proche aidante ; l’utilisation de violence psychologique, physique ou sexuelle à son endroit et la contribution à son appauvrissement. (Éthier et al, 2020, p.41)

Vous pouvez trouver différents exemples de maltraitance dans le dépliant d’information, qui reprends les données de notre projet de recherche-action financée par le programme Québec Ami des Ainés (QADA).

D’autre part, bien souvent, les personnes proches aidantes ne se reconnaissent pas comme telles, elles ont alors de la difficulté à pouvoir nommer la maltraitance qu’elles peuvent vivre. Quand bien même elles seraient capables de nommer la situation, peu d’entre elles connaissent l’existence de services de soutien dédiés aux personnes proches aidantes. Certains comportements liés à la maladie de l’aidé, qu’ils soient volontaires ou non, amènent une normalisation de ses paroles et de ses gestes maltraitants. Mais cela reste de la maltraitance pour la personne proche aidante. La rareté des services de soutien à domicile ou en hébergement entraine aussi l’imposition du rôle et un sentiment de suresponsabilisation de la personne proche aidante, qui se fait un devoir moral de prendre soin de son proche coute que coute. C’est aussi de la maltraitance.

La maltraitance peut également se manifester au sein de la famille donc être liée à la dynamique familiale. On note par exemple un plus grand risque de maltraitance envers la personne aidante quand cette dernière subissait déjà une situation de violence avant la maladie ou le vieillissement. Les pressions familiales au silence, le fait que l’entourage ne reconnaisse pas la situation, n’offre pas d’aide ou la peur de la personne proche aidante de rompre les liens familiaux l’amène à endurer la situation sans s’en plaindre. Enfin, plusieurs personnes proches aidantes craignent l’hébergement de la personne aidée ou la judiciarisation de leur situation si elles parlent de la maltraitance vécue.

La bientraitance envers les personnes proches aidantes est une démarche d’accompagnement globale. Elle vise à promouvoir leur soutien, l’écoute de leurs besoins, et la valorisation de leur apport, de leurs expériences et de leurs expertises dans la vie quotidienne afin de prévenir la maltraitance.

  • Reconnaître l’apport des personnes proches aidantes et leur expertise
  • Soutenir, outiller et accompagner les personnes proches aidantes dès le début de leur parcours
  • Aborder avec elles les conséquences à long terme et les risques liés à la proche aidance (isolement, épuisement et maltraitance)
  • Prendre le temps d’écouter leur expérience
  • S’assurer du référencement des personnes proches aidantes vers les ressources dédiées de proximité dont les organismes communautaires ou la ligne Aide Abus Ainés s’ils sont eux-mêmes des personnes ainées.

Contribuer aux efforts de sensibilisation

Vous voulez contribuer à sensibiliser aux impacts de la maltraitance envers les personnes proches aidantes? Vous pouvez organiser un atelier de sensibilisation dans votre établissement, votre communauté ou votre entreprise. Découvrez comment faire grâce à notre guide d’animation, ou contactez-nous pour que nous animions pour, ou avec, vous cette sensibilisation.

Nous pouvons fournir une version numérique ou papier de l’affiche et des dépliants pour sensibiliser à la maltraitance envers les personnes proches aidantes :

  • Les personnes proches aidantes elles-mêmes;
  • Les personnes aidées;
  • Les intervenantes et professionnels de la santé et des services sociaux;
  • Le grand public.

L’affiche issue de ce projet de recherche est aussi un outil d’intervention avec lequel vous pouvez organiser un atelier de sensibilisation dans votre établissement de santé, votre communauté, votre entreprise. Pour vous aider, nous avons élaboré un guide d’animation.

N’hésitez pas à contacter le RANQ, nous nous ferons un plaisir de vous appuyer dans l’organisation, dans votre milieu, d’un atelier de sensibilisation ou d’une conférence présentant les résultats de cette recherche ou tout autre sensibilisation.